Libre pour apprendre, de Peter Gray (2013) 1/2

Peter Gray, psychologue évolutionniste et professeur à l’université de Boston, part d’une intuition simple : les enfants n’ont pas besoin d’être forcés pour apprendre. Ils apprennent parce qu’ils sont humains. Et quand ils sont libres.
Depuis des centaines de milliers d’années, l’humanité s’est transmise ses savoirs sans école, sans programmes, sans examens. L’enfant explorait, imitait, expérimentait, questionnait. Tout son développement reposait sur une pulsion biologique d’apprentissage, comparable à celle qui pousse un oisillon à voler.

Dans Libre pour apprendre (Free to Learn, 2013), Gray démontre que cette force vitale existe encore aujourd’hui. L’enfant moderne n’est pas paresseux ni distrait : il est simplement privé du contexte qui permet à sa curiosité naturelle de s’épanouir. Gray rappelle que le jeu libre, la curiosité et la coopération sont les trois piliers universels de l’apprentissage humain. Le jeu n’est pas une perte de temps, mais le moyen le plus sérieux d’expérimenter la vie.

Pour Gray, la scolarisation telle que nous la connaissons repose sur une croyance erronée : que l’enfant ne peut pas apprendre seul et qu’il faut le diriger pour son bien. Cette méfiance structure tout le système, qui s’organise autour de contraintes lourdes : des programmes imposés, des horaires rigides, des évaluations permanentes, et la peur de l’échec comme moteur.

Or ces contraintes tuent la motivation intrinsèque. L’enfant apprend à obéir plutôt qu’à comprendre. Il apprend à plaire plutôt qu’à chercher. Il apprend à se conformer plutôt qu’à créer. Ca vous rapelle quelque chose ?

Gray cite de nombreuses études montrant l’explosion, depuis les années 1950, des troubles anxieux et dépressifs chez les enfants. Cette souffrance, dit-il, n’est pas une fatalité biologique, mais le symptôme d’une perte de liberté. À force de tout encadrer, la société empêche les jeunes de développer l’autonomie émotionnelle et cognitive qui fait d’eux des êtres heureux et compétents. Car plus on les contrôle, moins ils se sentent capables.

« Le contrôle tue la curiosité, et sans curiosité, l’apprentissage n’a plus de sens. »
Peter Gray, Libre pour apprendre

L’auteur s’appuie également sur ses recherches en anthropologie pour observer les sociétés de chasseurs-cueilleurs, qui représentent plus de 95 % de l’histoire de l’humanité. Dans ces sociétés, il n’existe ni école ni punition pour les enfants. Les adultes leur font confiance pour apprendre ce dont ils ont besoin par le jeu, l’exploration et la coopération.

Les enfants passent leurs journées ensemble, dans la nature, à inventer des jeux qui les préparent à la vie d’adulte : fabriquer, chasser, négocier, raconter, s’organiser. Personne ne leur dit quoi faire, et pourtant tout s’apprend. Ils deviennent naturellement compétents, solidaires et confiants : des membres responsables et compétents de leur communauté.

💡 Les enfants apprennent naturellement ce dont ils ont besoin, quand ils sont prêts et motivés pour le faire.

Gray en tire une conclusion dérangeante pour notre modernité : l’école obligatoire, loin d’être un progrès, est une régression culturelle. Elle a remplacé la confiance collective par le contrôle institutionnel.

Or, ces sociétés libres ont un autre secret : elles sont égalitaires et pacifiques. L’éducation fondée sur le respect et la coopération produit des adultes capables d’écoute et de solidarité. Si nous rêvons d’un monde plus juste, peut-être faut-il commencer par laisser les enfants libres de grandir selon leur plan intérieur.

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