Pourquoi j’ai quitté l’enseignement pour créer ce blog ?

Il y a quelques mois, j’ai décidé de lever le pied à L’Archipel, une école démocratique que j’ai cofondée et dirigée en équipe pendant plusieurs années. Pour me permettre cela, j’ai dû abandonner depuis la rentrée l’enseignement de l’histoire-géo que j’assurais au sein de l’école depuis ses débuts et renoncer à de chouettes moments avec les jeunes. Ce n’est pas une décision que j’ai prise à la légère. Elle s’est imposée doucement, au fil des années, des questions, des émerveillements et aussi des épuisements.

Aujourd’hui, je choisis d’écrire. D’écrire pour témoigner, pour relier, pour inspirer. J’ouvre ce blog avec la conviction que l’écriture peut devenir un acte d’éducation, de transformation sociale et de résistance.

Vivre une utopie éducative… et ses limites

Fonder une école démocratique, c’est vivre chaque jour au cœur de ses idéaux. C’est regarder les enfants comme des personnes à part entière. C’est croire à leur capacité à s’organiser, à s’autodéterminer, à grandir en liberté et en responsabilité.

À L’Archipel, j’ai vu des jeunes s’épanouir hors des sentiers battus. J’ai vu des enfants apprendre à lire ou à compter sans pression, débattre de sujets de société en débat philo, chercher des solutions aux problèmes du quotidien au Conseil d’École, réparer ensemble une cabane ou monter un projet de voyage. J’ai vu des adultes désapprendre à enseigner pour réapprendre à accompagner. Ce blog est pour eux aussi.

Mais j’ai vu le poids de l’administration, la complexité des conflits humains, la fatigue chronique des équipes, le regard méfiant de l’institution scolaire et les attentes parfois irréalistes des familles. Être à la fois enseignante, militante, gestionnaire, pédagogue, médiatrice, communicante… m’a laissée souvent sans voix, sans souffle, sans espace pour penser.

J’ai compris que si je voulais continuer à porter mes convictions, il me fallait changer de posture. Sortir des murs de notre école pas comme les autres pour entrer dans la transmission à plus grande échelle.

Écrire pour déconstruire, relier, construire

Ce blog est né d’un besoin intérieur : celui de reprendre le temps de réfléchir, d’interroger l’évidence, de relier les expériences entre elles. L’éducation alternative ne devrait pas être une niche marginale. Elle est un laboratoire d’idées pour toute la société.

Je veux ici aider les parents à se libérer des injonctions éducatives absurdes, les professionnels à questionner leurs pratiques, les jeunes à retrouver confiance en leur propre pouvoir d’agir.

Je veux proposer un autre récit de l’enfance : celui d’un enfant naturellement curieux, coopératif, capable. Un récit sans dressage, sans hiérarchie verticale, sans culpabilité. Un récit où l’école devient un lieu de vie et non un lieu d’enfermement.

Je veux aussi relier les mondes : celui des pédagogies alternatives et celui de l’éducation nationale. Celui des penseurs et celui des praticiens. Celui des peuples racines et celui des familles occidentales perdues dans l’angoisse de bien faire.

Changer d’échelle pour changer le monde

En quittant l’enseignement, et peut-être s’il le faut bientôt la direction d’une école, je n’ai pas abandonné le combat. Je l’ai déplacé. J’ai choisi de m’adresser à plus grand que moi. De sortir des murs, d’oser une parole libre. J’ai choisi d’y mettre du temps, de l’énergie, et aussi de gagner ma vie autrement, pour ne plus dépendre d’un système qui broie les idéalistes.

Ce blog, Grandir et apprendre autrement, est une graine. Il s’inscrit dans un projet plus vaste : écrire, former, rencontrer, transmettre, générer des ressources pour vivre dignement de cette mission.

Si tu es parent, enseignant, éducateur, ado, ou simple citoyen, et que tu sens que quelque chose cloche dans la manière dont on élève nos enfants… Alors ce blog est pour toi.

Bienvenue dans ce cheminement. Ensemble, réinventons l’éducation. Et peut-être, un peu, le monde.